PARIS.
REVUE EMPREINTES. Daniel Dobbels. février 1979.
"Très tôt, la cage apparaît comme le lieu
d'une lumière à laquelle nos yeux devront peu à
peu se réhabituer - saisissante comme une lueur première
après un temps profond d'aveuglement, ou comme la sensation
de l'air frais après une détention irrespirable,
là où la vie survivait à elle-même,
masquée par les gaz du passé.
Au-dessus de la cage est suspendue une horloge, telle qu'on en
voyait dans les gares autrefois: elle dit que l'exactitude, qu'elle
marque, n'est pas la fin. La cage, premier paradoxe, est aussi
le lieu des départs: les trois figures - apparitions qui
se révèleront être des corps et des visages
- vont s'y départir, avec d'infimes précautions
et des audaces étonnées, de leurs masques, de leurs
vêtements, de l'engoncement profond où un saccage
antérieur, non oublié certainement, les avait réduites,
confinées - comme des momies sans visage enfouies au fond
d'une malle. La cage, ici, c'est l'air de liberté de la
cave.
Voici: il faut tout réapprendre, et ce mouvement, bien
qu'hésitant, est incroyablement libre à sa naissance,
si proche qu'il est de la trouvaille et de la découverte.
Il apparaît tel qu'il est: comme une force soumise et incontrôlable,
qui inventera ses jeux d'existence, ses manières d'être
qui n'en sont pas, en tentant de les mener le plus loin possible,
à la suite et poursuite de rêves ineffaçables.
Dans cet espace - qui n'est pas encore la cage dernière
- le pouvoir des gestes minces est immense: fuites personnelles
et anodines, jeux de mains jeux de vilains jeux câlins,
grâces quotidiennes: nous le pressentons, ces gestes-là
n'ont pas de prix, légers miracles sans cesse renouvelés;
ils passent et respirent sous la baguette ou l'horreur du pouvoir
inouï et déjà tremblant de leur souveraineté
soudaine...
Qu'il y ait une fin...? Certainement... mais ce n'est ni l'horloge
qui l'indiquera ni la cage qui l'entérinera. Disons qu'elle
est repoussée, moins sûr qu'il n'y parait... repoussée
pour un temps qui n'est peut-être pas encore le nôtre,
mais qui fut, tenons-le pour dit, le temps merveilleusement exact
des revenants de la cage...".
GRAZ. KLEINE ZEITUNG. Ingeborg Elis. 23.10.1979.
"Festival Steirischer Herbst
Rêves bleus foncés.La fleur bleu du romantisme, le
bleu foncé des surréalistes, les rêves d'enfance
et les robots, le message du Théâtre de l'Arbre était
clair: donner le pouvoir à l'imagination. Cet oeuvre presque
non-verbale, jouée par trois excellents acteurs est un
conte de fées, une parabole, une critique et une espérance
à la fois d'une rare densité poétique. Le
public a honoré ce spectacle extraordinaire avec des applaudissements
enthousiastes".
GRAZ. NEUE ZEIT. Eva Schaffer. 23.10.1979.
" Festival Steirischer Herbst.
Regarder les acteurs joués dans un style de mouvement si
parfait était un pur plaisir: maîtres du théâtre
non-verbal".
COLOGNE. KOLNISCHE RUNDSCHAU. Barbro Schuchardt. 09.03.1979.
En termes concis, il s'agit de la lutte menée par
l'individu pour sauvegarder sa spontanéité créative
à l'intérieur d'un monde dangereusement technologique.
La contestation de cette technologie semble être le thème
premier pour la jeune génération. Aussi longtemps
qu'elle est présentée d'une manière si poétique
et humoristique, avec tant d'inventions artistiques et une bonne
proportion de symbolique théâtrale, elle peut être
sûre de son efficacité.
COLOGNE. WESTDEUTSCHE ALLGEMEINE ZEITUNG. Hans Jansen. 10.03.1979.
Sur les vestiges de la vieille arlequinade et le slapstick
des burlesques, le trio des acteurs admirablement souples dans
leurs gestes et leurs expressions vocaux, mélancolique
et allègre à la fois, rend transparente cette petite,
cette grande parabole avec des moyens simples pour un court et
beau rêve de théâtre.
COLOGNE. KOLNER STADT-ANZEIGER. Helmut Scheier. 09.10.1979.
"Festival International Gaukler.
Les derniers jours du IVème Festival International Gaukler
nous réservaient des moments forts: le Théâtre
de l'Arbre... un spectacle de mouvements fascinant qui fait penser
à l'intensité expressive de certaines toiles du
peintre belge René Magritte. Le comique et le tragique
se mêlent dans cette oeuvre. Mais dans l'ensemble il s'agit
moins d'une histoire que d'une réflexion, d'une atmosphère.
L'imagination des emprisonnés est proche d'une stylisation
métaphorique placée sous le signe du grotesque et
du rêve. La pièce a déjà été
présentée à Cologne il y a plusieurs mois.
Le fait que pour la deuxième fois elle nous impressionne
encore plus fortement prouve sa qualité artistique et sa
puissance d'expression. Un chef d'oeuvre pour lequel les acteurs
sont les interprètes idéaux".
DUSSELDORF. RHEINISCHE POST. Annette V. Wangenheim. 02.02.1980.
Le Théâtre de l'Arbre au Schauspielhaus: un
plaisir fascinant pour les yeux.
Les compagnies théâtrales étrangères
se produisent assez rarement au Schauspielhaus de Düsseldorf.
Surtout celles qui sont en mesure de remettre en question le théâtre
littéraire traditionnel en développant un nouveau
langage scénique.
Après le mime polonais Tomaszewski, cette ouverture méritoire
de la part du Schauspielhaus trouve son apogée dans le
spectacle 'La Cage' du Théâtre de l'Arbre de Paris.
La pièce de la jeune compagnie sous la direction d'Yves
Lebreton n'offre pas seulement un plaisir des yeux pour les amateurs
du surréalisme mais elle séduit également
par sa mise en scène minutieuse et par la bravoure de ses
acteurs.
Des moments ludiques alternent avec du slapstick et des épisodes
mélancoliques. L'impression esthétique de toutes
ces séquences en quelque sorte cinématographiques
est grandiose.
Après cette représentation extraordinaire on ne
sait qui féliciter en premier lieu, le metteur en scène
Yves Lebreton pour sa troupe excellente, les acteurs ou les organisateurs
qui ont choisi une des troupes les plus inspirées et les
plus prometteurs de la nouvelle génération du théâtre
gestuel.
ENSCHEDE. TUBANTIA. Art Linde. 12.10.1979.
L'imagination au pouvoir.
Avec le Théâtre de l'Arbre d'Yves Lebreton quelques
vestiges nous parviennent du théâtre archétypal:
la volonté de l'individu de se libérer par la danse,
la musique et les formes magiques, des oppressions que la vie
en communauté nous impose. Pendant quelques minutes l'imagination
était au pouvoir à travers le jeu d'une actrice
et de deux acteurs selon un scénario à l'origine
assez bref d'Yves Lebreton. Il n'y a pas de mots qui conviennent
pour exprimer ce que ce groupe parvient à communiquer aux
spectateurs d'une façon presque magique... On distingue
dans 'La Cage' diverses influences. Celle du mime, celle du théâtre
de l'absurde et celle de la poésie. Ensemble, ces trois
influences se mêlent en une totalité éblouissante,
une ode fantastique dédiée à la liberté
de l'imagination. Ceux qui ont assisté au spectacle du
Théâtre de l'Arbre hier soir au Théâtre
Concordia s'en souviendront pour longtemps.
ENSCHEDE. TWENTSE COURANT. Chris Burgers. 12.10.1979.
La Cage: un spectacle imposant. Le théâtre
était comble et l'on pouvait entendre une mouche volée.
Telle était l'ambiance lors de la représentation
du Théâtre de l'Arbre. Il est difficile de décrire
ce qui se passe sur la scène. Dans sa plus grande partie,
l'action est basée sur l'expression du corps à laquelle
se mêlent des bruits, des cris, un langage imaginaire et
quelques bribes de langues articulées correspondant aux
nationalités des trois acteurs: italienne, danoise et allemande.
La représentation 'La Cage' est semblable à un rêve.
C'est l'imaginaire à l'état pur. Le public a été
fasciné.
MILAN. AVVENIRE. Domenico Rigotti. 17.03.1979.
Une cage où tout est poésie: la créativité
d'Yves Lebreton.
La Cage est le dernier spectacle produit par le Théâtre
de l'Arbre ou mieux créé par l'imagination de cet
extraordinaire acteur et clown qu'est Yves Lebreton fondateur
du groupe. En échappant à toute définition
précise, cet artiste parvient par une syntaxe très
originale et surréelle à composer de vrais poèmes
gestuels... La Cage ne peut manquer de faire allusion au désert
beckettien, au sable mouvant dans lequel s'enlise Winnie, ou à
la 'terre désolée' dont parle Eliot... Une action
rigoureuse et splendide, une série de séquences
raffinées et magiques à la recherche du langage
innocent de l'enfance...
MILAN. LA REPUBLICA. Ugo Volli. 17.03.1979.
On rit parfois mais d'un rire qui est tout de suite refoulé
dans la gorge. Malgré ses clowneries effrénées
'La Cage' d'Yves Lebreton reste une oeuvre angoissante et désolée.
Les images du spectacle ne composent pas une histoire mais plutôt
un paysage mental, un caléidoscope de rêve avec un
rythme et une logique oniriques où le charme ambigu et
la suspension figurative de certains passages restent les moments
les plus admirables....
MILAN. IL GIORNALE. GI. Piac. 17.03.1979.
Une Cage surréaliste et le mythe de l'enfance. Où
se situe le lien entre les précédentes productions
d'Yves Lebreton et cette oeuvre engagée dans laquelle celui-ci
reste hors de la scène en se réservant le rôle
de metteur en scène? Tout et rien à la fois. On
y retrouve nombre des thèmes chers à cet acteur
français: le monde de l'enfance comme symbole de liberté
intellectuelle, la nostalgie vis-à-vis d'un état
'naturel' utopique et surtout le malaise causé par une
civilisation qui nous échappe en fuyant vers l'avant...
Mais la Cage est à la fois un lieu de prise de conscience
et un signe d'espoir: l'ange-colombe qui apparaît dans le
final semble en être le témoignage. Le nouveau visage
de Lebreton nous parvient à travers une redécouverte
de ce que l'on pourrait appeler avec beaucoup d'approximation:
une esthétique surréaliste.
BOLOGNE. IL RESTO DEL CARLINO. Sergio
Colomba. 01.05.1979.
La Cage est une oeuvre très réussie utilisant
un langage théâtral non-verbal totalement nouveau
basé essentiellement sur l'expression du corps. L'ensemble
du jeu s'établit à partir des mouvements des acteurs
auxquels se mêlent une expression vocale faite de phonèmes,
une bande sonore rassemblant les bruits les plus divers et une
régie lumière très variée. Le tout
nous est présenté dans un style proche du surréalisme
et dont la suggestive synthèse touche notre sensibilité.
Le résultat est intense.
ROMA. CORRIERE DELLA SERA. P.F. 04.07.1979.
Semblable à la fumée qui accompagne le début
du spectacle, la rhétorique de 'La Cage' sort de la scène
pour envahir le public et prendre le spectateur à la gorge.
ROMA. IL TEMPO. Giorgio Prosperi. 04.07.1979.
La Cage de Lebreton est un spectacle qui confronte le public
à une oeuvre théâtrale visuelle dont le propos
n'est pas seulement de refuser le mot et ses connotations intellectuelles
mais aussi le mime traditionnel afin de traduire et de synthétiser
un concept en image. Ce langage est traité ici avec une
grande délicatesse.
GÊNES. IL SECOLO XIX. M. Man. 20.12.1979
Prolongés et chaleureux applaudissements ont accueilli
la représentation du Théâtre de l'Arbre. 'La
Cage' est un spectacle d'une grande élégance dont
la dramaturgie est riche de fantaisie et l'écriture savoureuse.
GÊNES. CORRIERE MERCANTILE. Dario G. Martini. 19.12.1979.
Trois acteurs d'extraordinaire bravoure interprètent
le spectacle: l'Italienne Teresa Borromeo, l'Allemand Michael
Zugowski et le Danois Steen Haakon Hansen. En fusionnant l'humour
à la mélancolie, tous trois ont su donner vie au
paradoxe tragi-comique de notre aliénation en la colorant
de reflet poétique. Le public a beaucoup apprécié
le spectacle en l'acclamant à la fin par une longue ovation.
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